Au XVe siècle, Penmarc’h est une ville prospère du Finistère à l’extrémité ouest, face à cet océan qui fascine. Sa jetée s’allonge sur un quart de lieue dans la mer et permet de rejoindre un écueil au large : le « rocher de la Chaise ». La ville compte dix mille habitants ( Bigoudens). Ses marins sillonnent la mer en faisant du cabotage. On les appellent les « Rouliers des mers ». Ils pêchent la morue. Cent seize pêcheries autour du port permettent de la saler. Ces usines marchent à plein régime jusqu’à Pâques. À cette date, les marins descendent vendre leurs poissons qu’ils appellent « viande de Carême» à Nantes, La Rochelle et Bordeaux.
Cinquante ans avant la découverte de l’Amérique, la ville de Penmarc’h possède la plus imposante flotte de commerce d’Europe : plus de quatre cent cinquante carvelles à voiles latines, de 70 tonneaux de jauge et 15 membres d’équipage. Les carvelles bretonnes ont des coques plus rondes que les caravelles portugaises et peuvent s’échouer sur le sable.
En 1453, les Anglais abandonnent Bordeaux et la Guyenne est rattachée à la France. Les marins bretons profitent de la neutralité de la Bretagne pour se jouer des corsaires et passer à travers les lignes des navires de guerre qui s’affrontent dans le golfe de Gascogne. Débute alors une ère de prospérité comme jamais la Bretagne et les Bigoudens du Finistère n’en ont connue.