Sur les berges non aménagées du port de la Lune, la cargaison est chargée à dos d’homme à bord des carvelles bretonnes. Quelques sacs de pastel sont chargés à part sous le contrôle du maître de barque. Le pigment sera distribué au titre de défraiement aux marins qui chargent les barils dans les soutes. Il servira de monnaie d’échange contre des victuailles au cours du voyage. Contrairement à Bruges, Bordeaux n’a ni grues, ni treuils. Il n’existe pas d’assurance pour couvrir les pertes. Pourtant, le pastel transporté sur chaque navire est estimé à 700 livres. Ce qui est considérable quand on sait que le coût de la construction d’une carvelle bretonne avec 15 marins à bord est seulement de 150 livres. ………………
Le voyage jusqu’en Flandre dure un an. Les pastelliers voient toujours s’éloigner avec crainte les carvelles et leur cargaison « d’or bleu ». Les capitaines qui n’ont pas accepté de membre des familles toulousaines à bord n’ont d’autre choix que de prendre à leur charge les risques du voyage. Ils se familiarisent avec les lettres de change et pratiquent « l’avance sur ventes » en achetant la cargaison entière.
Dans un document du 11 février 1493, il est mentionné : La Marguerite de Penmarc’h, ayant à son bord 15 hommes d’équipage, a chargé 117 tonneaux de vin de Saint-Emilion et 57 balles de pastel, a quitté le port de la Lune de Bordeaux à destination du comté de Glamorgan (Cardiff) et du port de l’Écluse (Bruges.)