Albi se trouve au cœur de la production. Autour de la ville, les paysans retournent la terre. Dans ses faubourgs sont installés plusieurs moulins à pastel. Même si Albi n’est plus cette citadelle imprenable, elle a tout de même gardé l’allure fière d’une cité cathare du XIIIe siècle. Mais « Albi la Rouge » est devenue une ville tranquille, indolente sur le bord du Tarn où la vie s’écoule au rythme du fleuve. Les Albigeois hésitent à se lancer. L’emprise des surfaces agraires prévues pour la culture du pastel et le trafic, dépassent les besoins et les rêves de la population albigeoise.
Non loin de là, Toulouse est la grande cité, mais une ville pauvre à cette époque. Un seul pont mal entretenu enjambe la Garonne, les maisons sur les berges sont si basses qu’elles ne peuvent résister aux crues et tombent en ruine. Seules des barques, godillant d’une berge à l’autre, conservent un semblant d’activité.
Grâce à la proximité des champs de pastel, sa relation avec le port de Bordeaux par la Garonne, la ville occitane a des atouts. Les grandes familles toulousaines vont rapidement comprendre le rôle qu’elles pourraient jouer sur l’échiquier européen.
Ces familles ont pour noms : de Bernuy, d’Assézat. Certaines sont d’origine basque ou espagnole (opportun pour expédier le pastel en Espagne.) Elles rêvent toutes d’établir une « Route du pastel » terrestre ou maritime qui pourrait les conduire au cœur de l’Europe : à Bruges, à Anvers, sur les rives de l’Escaut.